Organisation terroriste qui, esquivant le plus souvent l’analyse économique et politique, se concentrait sur les moyens immédiats permettant d’éliminer les membres importants de l’administration, symbole d’un régime tsariste détesté.
Pendant un certain temps, ce groupe eut une réputation considérable, même si son centre d’action restait surtout à Saint-Petersbourg.
Après l’assassinat du tsar Alexandre II le 1er mars 1881, Narodyana Volya imprime et diffuse largement le 10 mars une Lettre du « Comité exécutif » à Alexandre III, rédigée par Tichomirov. Cette lettre expose les conditions et l’historique de la lutte du groupe, ainsi que la répression qui le poursuit, mais aussi les revendications empreintes tout à la fois d’esprit national russe et d’émancipation populaire. Ironie de l’histoire, cette lettre parvint au Palais d’Hiver au moment même où se discutait l’avenir du décret qu’Alexandre II avait signé le matin de sa mort et qui devait avaliser les projets constitutionnels de Loris-Melikov. De l’avis même d’Alexandre II, ce projet, aussi confus soit-il, constituait « le premier pas vers une constitution » et l’Assemblée nationale réclamée par Narodnaya Volya. La réaction d’Alexandre III était prévisible : « par peur de faire le moindre geste qui l’engagerait sur la route dont le Comité exécutif venait de lui rapeller où elle débouchait logiquement, il choisit la voie du pouvoir absolu, de la réaction lourde et étouffante qui caractérisera tout son règne » (in Venturi, p. 1131-1132).
En 1884 Nadoyana Volya conclut une alliance de répartition géographique des actions avec le groupe polonais Proletariat : le programme commun établi lors des négociations à Paris réservait à chaque parti le contrôle des opérations sur son territoire, Russie ou Pologne. Le parti Prolétariat acceptait alors la formule du groupe russe : « Terreur politique et économique sous toutes leurs formes » ! (cité in Nettl, p. 55)
Bibliographie indicative :
— NETTL John Peter, La vie et l’oeuvre de Rosa Luxemburg - tome I, Maspéro, 1972 ;
— VENTURI Franco, Les intellectuels, le peuple et la révolution, Gallimard, 1972 ;