Note Smolny :
Ce livre aborde la question de l’endettement, qui n’est généralement soulignée que comme une manifestation ponctuelle du déficit étatique, en lui donnant une dimension particulière dans l’aplatissement de la lutte des classes transformant les salariés en « hommes endettés » dont la réalité est relativement occultée. Il propose de reprendre la lutte des classes au bon endroit, en rejetant toute culpabilité par rapport à la dette. Selon lui il faut se battre pour l’annulation de la dette qui n’est pas un problème économique, mais un dispositif du pouvoir qui non seulement nous appauvrit, mais nous mène à la catastrophe.
En illustration une déclaration à la télé grecque en 1992 de Felix Guattari : « La Grèce est le mauvais élève de l’Europe. C’est toute sa qualité. Heureusement qu’il y a des mauvais élèves comme la Grèce qui portent la complexité. Qui portent le refus d’une certaine normalisation germano-française, etc. Alors continuez à être mauvais élèves et nous resterons bons amis... ».
JO
Présentation de l’éditeur :
La dette, tant privée que publique, semble aujourd’hui une préoccupation majeure des « responsables » économiques et politiques. Dans La Fabrique de l’homme endetté, Maurizio Lazzarato montre cependant que, loin d’être une menace pour l’économie capitaliste, elle se situe au coeur même du projet néolibéral. A travers la lecture d’un texte méconnu de Marx, mais aussi à travers la relecture d’écrits de Nietzsche, Deleuze, Guattari ou encore Foucault, l’auteur démontre que la dette est avant tout une construction politique, et que la relation créancier/débiteur est le rapport social fondamental de nos sociétés.
La dette ne saurait se réduire à un dispositif économique ; c’est également une technique sécuritaire de gouvernement et de contrôle des subjectivités individuelles et collectives, visant à réduire l’incertitude du temps et des comportements des gouvernés. Nous devenons toujours davantage les débiteurs de l’Etat, des assurances privées et, plus généralement, des entreprises, et nous sommes incités et contraints, pour honorer nos engagements, à devenir les « entrepreneurs » de nos vies, de notre « capital humain » ; c’est ainsi tout notre horizon matériel, mental et affectif qui se trouve reconfiguré et bouleversé.
Comment sortir de cette situation impossible ? Comment échapper à la condition néolibérale de l’homme endetté ? Si l’on suit Maurizio Lazzarato dans ses analyses, force est de reconnaître qu’il n’y pas d’issue simplement technique, économique ou financière. Il nous faut remettre radicalement en question le rapport social fondamental qui structure le capitalisme : le système de la dette.
L’auteur :
Sociologue et philosophe, Maurizio Lazzarato vit et travaille à Paris où il poursuit des recherches sur le travail immatériel, l’éclatement du salariat et les mouvements « post-socialistes ». Il a notamment écrit Intermittents et Précaires (avec Antonella Corsani) et Expérimentations politiques.
Table des matières :
Avertissement
Appréhender la dette comme fondement social
La généalogie de la dette et du débiteur
L’emprise de la dette dans le néolibéralisme
Conclusion
Éditions Amsterdam, parution : août 2011
ISBN : 978-2-35480-096-3
124 pages / 13,9 cm × 19,0 cm / 8, 50 euros