Aragonais, benjamin d’une famille de lignage anarchiste, boulanger et serveur de profession. Militant très jeune dans les groupes d’action aragonais. En décembre 1920, il fut emprisonné pour l’attentat, commis par son frère Domingo, qui coûta la vie au journaliste de l’El Heraldo de Aragón, qui avait dénoncé les soldats soulevés en janvier à la caserne du Carmen. Il fut deux ans en prison, sortant avec la santé ébranlée par les mauvais traitements. En 1922, il partit à Barcelone, intégrant le groupe anarchiste Los Solidarios, avec Durruti, Garcia Oliver, Aurelio Fernández, Gregorio Jover, Ricardo Sanz, etc. Il participa à de nombreuses actions armées et attentats. En juin 1923, il fut détenu, réussissant à fuir en décembre de la même année.
Durant la dictature de Primo de Rivera [1] il était en exil à Paris.
En décembre 1924, avec Durruti, il fit un « tour » en Amérique du Sud, caractérisé par de nombreuses attaques de banques dans différents pays avec l’objectif de collecter de l’argent pour libérer des prisonniers anarchistes en Espagne. En mai 1926, il était de nouveau à Paris, où il fut détenu en juillet, avec Jover et Durruti, pour avoir préparé un attentat contre Alphonse XIII, restant une année en prison. Ils évitèrent l’extradition vers l’Argentine ou l’Espagne grâce à une intense campagne populaire en faveur de leur libération. Il vécut clandestinement dans plusieurs pays puis, au début de 1929, il obtint un permis de résidence à Bruxelles.
Il retourna à Barcelone immédiatement après la proclamation de la République, le 14 avril 1931. Il intégra le groupe Nosotros (nouveau nom que dut emprunter l’ancien Los Solidarios en apprenant l’existence d’un groupe avec le même nom) avec Durruti et García Oliver, entre autres. Rédacteur assidu de Solidaridad Obrera, affilié du Syndicat du Textile de Barcelone.
Déporté aux Canaries et en Guinée en février 1932, comme châtiment pour sa participation à l’insurrection dans le Haut Llobregat (janvier 32). Libéré en septembre, il fit partie du Comité révolutionnaire de l’insurrection du 8 janvier 1933 à Barcelone. Détenu en avril 1933, avec Durruti, tous deux furent incarcérés à la prison de Puerto de Santa Maria, jusqu’à leur libération en octobre. Il travailla comme serveur et il intervint dans la campagne abstentionniste des élections de novembre 1933. Il impulsa l’insurrection de décembre 1933. Au début de 1934, il fut nommé secrétaire général de la CNT, appuyant la grève générale de Saragosse.
Il se montra opposé à la signature du pacte d’Alliance Ouvrière avec l’UGT par la CNT asturienne. Le 6 octobre 1934, il annula la convocation de la grève générale qui devait appuyer le gouvernement de la Généralité dans son affrontement avec le gouvernement central, ce pourquoi il fut destitué de son poste de secrétaire. Il intervint au congrès de Saragosse (mai 36) en tant que représentant du Syndicat du Textile de Barcelone.
Membre du Comité de Défense Confédéral, il fut l’un des dirigeants de l’insurrection ouvrière contre le soulèvement militaire du 19 juillet 1936 à Barcelone, participant de manière remarquable aux combats de rue, avec une audace et une témérité excessives. Il mourut le 20 juillet, d’un tir dans le front lors de l’assaut contre la caserne d’Atarazanas. (Cf. pages 219-21 de l’excellent glossaire d’Agustín Guillamón du livre « Les Comités de Défense CNT » ; voir aussi les pages 266-67 d’Abel Paz « Durruti », sur la mort d’Ascaso.)
Sur notre site :
— Article nécrologique dans la revue Bilan, n° 33 ;
[1] Sous le règne d’Alphonse XIII (1886-1941), le général Primo de Rivera (1870-1930), le 13 septembre 1923, mena un coup d’État, s’attribuant des pouvoirs dictatoriaux. Il en finit de cette manière avec le « pistolérisme » barcelonais et avec les implications du roi dans le désastre d’Anoual (guerre espagnole au Maroc). Il persécuta la CNT et pactisa avec l’UGT. Il créa un parti unique et est le père de José Antonio Primo de Rivera, fondateur du parti fasciste de la Phalange, fusillé en 1936 par les républicains. La crise économique de 1929 lui fit perdre la base sociale qui le soutenait. Il démissionna de son poste le 28 janvier 1930, la « dictature molle » (« dictablanda ») du général Berenguer lui succédant. Les élections municipales du 14 avril 1931 supposèrent la fin du régime monarchique et la proclamation de la République.