Né à Tcherkassy en Ukraine, il organise dès les bancs du lycée des cellules social-démocrates. Il fait ses études à l’Université de Kiev dont il est diplômé en 1897. Lors du Congrès de Londres du POSDR en 1903, il fait partie de la fraction menchevik aux côtés de Julius Martov, partisan de l’unité entre toutes les fractions socialistes.
Président du soviet de Krasnoïarsk pendant la révolution de 1905. Après des années de prison et d’exil, très lié à Trotski, il collabore à la Pravda de Vienne et à Nache Slovo (Notre Parole) sur de fermes positions internationalistes.
De retour en Russie dans les premiers jours de la révolution de Février, il adhère à la Mejraionka avec qui il va rejoindre le parti bolchevik. Au VIe Congrès du POSDR (b) de juillet-août 1917, il est élu membre du Comité Central.
En Octobre, il prend une part très active aux efforts du CMR (Comité militaire révolutionnaire du Soviet de Petrograd), dont il signe parfois les documents au titre de « président ».
Internationaliste fervent, il fut aussi l’un des communistes de gauche les plus conséquents. Il est membre de la rédaction de l’hebdomadaire Kommounist lancé en février 1918 à Petrograd. Lors de la discussion sur la paix de Brest-Litovsk, il affirme : « Après avoir pris le pouvoir, nous avons oublié la révolution mondiale. (...) Notre capitulation devant l’impérialisme allemand retardera la révolution naissante en Occident. » [1] Il est un des quatre de la fraction qui refuseront jusqu’au bout de voter pour la paix de Brest-Litovsk. C’est lui qui le 23 février 1918 lit leur déclaration au Comité central dans laquelle les communistes de gauche démissionnent de leurs postes dans le Parti et le gouvernement. C’est lui encore qui lit la déclaration des communistes de gauche qui refusent de rentrer au Comité central et de participer même aux élections. Elu suppléant au Comité central avec Boukharine et Lomov, il déclare qu’il refuse d’y travailler. Il faudra attendre 2 à 3 mois avant qu’il accepte de se soumettre.
Nommé président de la Tcheka de Petrograd, il répond résolument à l’insurrection des socialistes-révolutionnaires (SR) de gauche. Ces derniers en représailles l’abattent le matin du 30 août. C’est un tournant pour la Révolution russe car le même jour, une autre SR de gauche, Fanny Kaplan, blesse Lénine. Le gouvernement décrète alors la Terreur rouge [2].
Sources :
— BROUE Pierre, Le Parti bolchevique, Paris, Éditions de Minuit, 1977, cf. pp. 116-117 ; ;
— CERMTRI, Les cahiers du mouvement ouvrier, numéro 6 : « Moïse Solomonovitch Ouritski et la Tchéka » ;
— HAUPT Georges et MARIE Jean-Jacques, Les bolcheviks par eux-mêmes, Paris, Maspéro BS 13, 1969, cf. pp. 319-321 ;
— SERGE Victor, L’an I de la Révolution russe, Paris, La Découverte, 1997, cf. p. 241 la liste des rédacteurs de Kommounist, pp. 264-266 sur les « communistes de gauche », p. 347 note 5 sur les attentats SR ;
Bibliographie indicative :
— SOUKHANOV Nicolas, La Révolution russe, Paris, Le cercle du nouveau livre d’Histoire, Editions Stock, 1965, cf. pp. 139, 268, 272 et 305 ;
— SORINE Vl., Le Parti et l’opposition, (en russe) 1925 ;
— THOMAS Bernard, Les provocations policières, Paris, Fayard, 1972, cf. pp. 228-229 ;
— WALTER Gérard, Lénine, Paris, Marabout, 1950, cf. pp. 344, 374, 405, 408, 412-413 ;
[1] Cité in Georges Haupt et Jean-Jacques Marie, Les bolcheviks par eux-mêmes, p. 320.
[2] « Depuis les premiers massacres des Rouges prisonniers par les Blancs, les assassinats de Volodarski et d’Ouritski et l’attentat contre Lénine (été 1918), la coutume de l’arrestation et souvent de l’exécution des otages s’était généralisée et légalisée. Déjà la Tcheka - Commission extraordinaire de répression de la contre-révolution, de la spéculation et de la désertion - arrêtant en masse les suspects, avait tendance à régler elle-même leur sort, sous le contrôle formel du parti, en réalité à l’insu de quiconque. Elle devenait un Etat dans l’Etat [...] Le parti s’efforçait de mettre à sa tête des hommes incorruptibles, comme l’ancien forçat Dzerjinski, idéaliste probe, implacable et chevaleresque, au profil émacié d’inquisiteur. Mais le parti avait peu d’hommes de cette trempe et beaucoup de Tchekas ... » (Victor Serge, Mémoires d’un révolutionnaire, Points Seuil, 1978, p. 88 ou édition Bouquins, Robert Laffont, 2001, p. 566)