Journal illégal des premiers marxistes russes (Plékhanov, Véra Zassoulitch, Paul Axelrod, Lénine, Jules Martov et Trotsky).
Le 24 décembre 1901 paraît à Stuttgart le premier numéro, dont l’épigraphe annonçait la couleur : “De l’étincelle jaillira la flamme”. Il fut le plus souvent imprimé à Munich, Leipzig, Londres ou Genève.
Les émissaires de l’Iskra - trente au maximum en 1903 - parcourent le pays, recueillent des renseignements, fournissent les publications, nouent les liaisons avec les groupes locaux et sélectionnent les militants d’envergure qu’ils font passer dans la clandestinité. Les iskristes brisent les particularismes et forment des cadres à une vue d’ensemble (Cf. Le Parti bolchevik, Broué p.30).
« La revue doit servir à la propagande, le journal à l’agitation. Mais la revue, comme le journal, doivent refléter tous les aspects du mouvement et nous voudrions souligner notre désaprobation d’un plan qui ferait insérer dans le journal ouvrier exclusivement ce qui touche directement et immédiatement le mouvement ouvrier spontané en réservant ce qui se rapporte à la théorie du socialisme, aux sciences, à la politique, à la structure du parti à l’organe destiné aux intellectuels. » (Lénine, Oeuvres, T. 4, pp. 16-17)
Lénine fait aussi référence à la « poste rouge » qui lui sert de modèle : « A l’époque des lois d’exception contre les socialistes (de 1878 à 1890), la police politique allemande travaillait sinon mieux, du moins pas moins bien que la police russe, et cependant les ouvriers allemands ont su, grâce à leur esprit d’organisation et de discipline, faire en sorte que leur journal hebdomadaire illégal parvienne régulièrement de l’étranger et soit livré à domicile à tous les abonnés, si bien que même les ministres ne pouvaient que s’émerveiller du fonctionnement de la poste social-démocrate (« la poste rouge »). » (Oeuvres, T. 4, p. 230)
Potresov montre bien les liens entre marxistes russes et SPD : « Tout ceci [les problèmes d’impression et de transport] ne put être réglé que grâce aux liens organisationnels considérables des social-démocrates allemands (...) Ces points d’appui irremplaçables furent notamment Clara Zetkin et surtout Adolf Braun (...) Adolf Braun fut le principal conseiller et soutien de nos travaux préparatoires, ne refusant jamais de nous consacrer son temps et ses forces. Il trouva pour nous une typographie secrète et organisa l’impression de l’Iskra à Leipzig (...) Munich avait été choisi comme lieu de résidence de la rédaction clandestine... » (p. 62, in C. Weill)
En 1903, après la scission, les mencheviks en prennent le contrôle.
Indications bibliographiques :
Marxistes russes et social-démocratie allemande 1898-1904 , WEILL Claudie, Maspéro BS 1976 ;