Miasnikov naquit à Perm en 1888 et entra au parti bolchevik vers 1905-1906 où il étudia l’oeuvre de Marx dans la traduction russe et suivit activement la polémique entre Lénine et Bogdanov (1907-1917). Très courageux il organisa des groupes d’assaut pour les attaques contre la police et contre la propriété.
Arrêté, il passa 7 années en prison où il fut le protagoniste d’une grève qui dura 75 jours. Après la révolution de février, il devint président du soviet de Perm devant lequel il s’engagea à assassiner le grand duc Michel sans attendre les ordres du gouvernement central. Ce qu’il fit [1].
Durant la guerre civile il commanda des volontaires dans la lutte contre l’armée blanche qui avait occupé la zone centrale de l’Oural. A la fin de la guerre civile, il fut élu délégué au VIII° congrès pan-russe des soviets en vue de la préparation duquel il publia un article « Les problèmes importants » (19.11.1920), dans lequel il soutenait la nécessité de former des syndicats paysans pour défendre, contre les koulaks, les masses pauvres des campagnes.
Il fut expulsé du parti en 1922 après une violente polémique avec le comité central. Il développa alors une activité clandestine et organisa le Groupe Ouvrier. Il participe à la rédaction du « Manifeste du Groupe ouvrier du PCR » qui a été traduit à partir de la version allemande (in « Selbskritik des Kommunismus » Gunther Hillmann. Rowohlt Verlag. 1967) et de la version italienne (op. cit. R. Sinigaglia). Arrêté en 1923, il fut transporté de prison en prison où il subit de terribles tortures [2]. En 1928, lors de son transfert en Arménie, la prison fut transformée en résidence surveillée. Au cours de la même année, il réussit à s’échapper en Perse. Après avoir été à nouveau en prison en Perse puis en Turquie, il réussit, début 1930, à gagner la France où il demeura jusqu’en 1945. En France, il participa au travail du groupe de l’Ouvrier communiste avec Pappalardi (ancien membre de la Gauche italienne qui avait créé la première fraction italienne de la Gauche communiste en 1927). Il demeure dans cette mouvance durant la guerre.
A la fin de la guerre du fait des « conditions politiques qui auraient changé » et à l’invite de Staline en direction des opposants, il lui demande la permission de retourner en URSS contrairement à ce que lui disent certains camarades comme Marc Chirik (ce dernier le lui déconseille formellement). Staline envoie un avion le chercher. A partir du jour où il retourna dans son pays, on n’a plus eu de nouvelles sur Miasnikov.
Dernièrement à la lecture de documents publiés par l’association « Mémorial » de Moscou, l’on a pu avoir la certitude que la Guépéou le tint prisonnier durant un an. Durant cette année, la Guépéou lui fit raconter tout ce qu’il avait fait en occident et parler de tous les militants qu’il avait pu y rencontrer. Sa « confession » terminée, il fut exécuté sur ordre de Staline. (cf. : publication de « Mémorial » qui a publié des passages de ses « confessions »).
Paul Avrich, dans l’article « Miasnikov et le Groupe ouvrier », écrit :
« Quand il débarqua à Moscou, il fut arrêté à l’aéroport et amené à la prison de Butyrki. »
Alors qu’il était en France, « une tragédie arriva à l’épouse et aux enfants de Miasnikov. Pendant la guerre contre Hitler, ses trois fils rejoignirent l’armée rouge et périrent au front. C’est pourquoi, Daia Grigor’evna souffrit d’une dépression nerveuse ; elle fut placée dans un hôpital psychiatrique. Libérée l’année suivante, elle ne récupéra jamais complètement. En 1946 intervint le choc final. Elle fut avisée par la police que son mari, qu’elle n’avait pas revu depuis vingt ans, était à la prison de Butyrki, et qu’elle était autorisée à lui rendre visite. Déconcertée par la nouvelle, elle chercha le conseil d’amis. Une semaine après, elle se rendit à Butyrki. Elle arriva trop tard. Miasnikov, lui dit-on, venait d’être exécuté. En l’entendant, Daia Grigor’evna subit un nouvel effondrement. Elle fut amenée de nouveau à l’hôpital, où elle mourut peu après ».
Source :
Nous empruntons ces données biographiques sur Miasnikov à Roberto Sinigaglia :
— SINIGAGLIA Roberto, Miasnikov e la rivoluzione russa, Ed. Jaca Book, 1973 ;